Qu'est-ce que la maximaphilie?

Publié le par Visualia

La maximaphilie est un type de collection qui fait la synthèse de la cartophilie, de la philatélie et de la marcophilie. Etre maximaphile, c’est collectionner des cartes maximum. Une carte maximum est une pièce constituée d’une carte postale illustrée, d’un timbre – poste collé du côté de l’illustration et d’une oblitération postale, ces trois éléments devant présenter entre eux le maximum de concordance de sujet, de lieu et de temps. Il faut d’abord partir du timbre-poste, si l’on veut réaliser une carte maximum. Bien étudier ce que représente le timbre (un sujet unique ou un sujet principal et un sujet secondaire) et les raisons qui ont motivé son émission (commémoration d’un anniversaire, promotion du patrimoine culturel ou touristique d’une ville ou d’une région…). Par exemple le timbre « Albert Caquot » représente le portrait de ce grand ingénieur, le ballon captif d’observation qu’il avait mis au point en 1914, et le pont de la Caille (Haute Savoie) qu’il a construit après la guerre. De même le timbre « Le bagad » célèbre le renouveau de la musique traditionnelle bretonne, avec les cornemuses et les bombardes du bagad de Lann Bihoué. Cette recherche documentaire, déjà très riche en elle-même, va être complétée par la recherche d’une carte postale concordante, c’est-à-dire représentant le même sujet. Si le timbre présente plusieurs sujets, il faut traiter chaque sujet séparément, et donc se procurer plusieurs cartes dont chacune sera concordante avec l’un des sujets. Par exemple, pour le timbre « Albert Caquot », il faut trouver une carte représentant cet homme, une autre montrant le ballon et une troisième le pont. Si la carte recherchée existe dans le commerce, il suffit de l’acheter. Pour le pont de la Caille, il existait plusieurs cartes différentes et il suffisait de choisir la carte la plus concordante. Mais si aucune carte concordante n’existe dans le commerce, il faut en faire imprimer une à partir d’un document qui existait avant la conception du timbre. La carte « portrait d’Albert Caquot », qui n’existait pas dans le commerce, reproduit une photo émanant des archives d’une agence photographique et la carte « ballon captif » a été imprimée à partir d’une photo de 1914 communiquée par le musée de l’Air et de l’Espace. Nous avons ainsi trois cartes postales parfaitement concordantes avec les trois sujets illustrés par le timbre. Dans ce domaine, il faut se méfier des dessins qui, bien souvent, ne sont pas valables pour réaliser une carte maximum. Les illustrations de l’excellent article de Marie-Liesse Housty, paru dans le numéro 64 de Visualia, sur « Le Sillon et Marc Sangnier », permettent de bien comprendre cette remarque. En effet, le portrait de M. Sangnier présenté en page 7 est visiblement la copie du dessin du timbre réalisée par le graveur de ce timbre. Cette carte n’apporte donc aucun « plus » sur le plan iconographique et ne peut, de ce fait, être considérée comme une carte maximum. Par contre, la carte figurant en page 8, qui reproduit un cliché du grand studio photographique Harcourt, c’est-à-dire un document réalisé plus de dix ans avant l’émission du timbre, est une très bonne carte maximum. En d’autres termes, il ne faut pas confondre « copie » et « concordance ». Cependant, dans certains cas, un dessin reproduit en carte postale peut être valablement utilisé pour réaliser une carte maximum. Par exemple, le dessin de Desclozeaux exécuté pour le centenaire de la Tour Eiffel en 1989, et édité en carte postale par PTT Cartophilie, pouvait servir à réaliser une carte maximum avec le timbre de la Tour Eiffel émis le 21 avril 1989, car il est évident que ce dessin n’est pas la copie du timbre, mais qu’il introduit une note humoristique dans la représentation de la Tour Eiffel par rapport aux cartes banales réservées aux touristes japonais.
Disposant d’un timbre et d’une carte postale concordante, il ne reste qu’à coller le timbre sur la carte (dans une zone aussi claire que possible pour que l’oblitération soit lisible), et à faire oblitérer le tout par La Poste. C’est, sans aucun doute, la partie la plus délicate de la réalisation d’une bonne carte maximum, car l’oblitération doit respecter des règles très strictes de concordance de temps et de lieu. Pour la concordance de lieu, c’est le bon sens qui s’impose. Ainsi, une carte représentant un bateau doit recevoir l’empreinte du timbre à date de La Poste d’une ville où il y a un port, un avion dans la commune où il y a un aéroport,… Pour les personnages, on a le choix entre le lieu de naissance, de principale activité, de décès ou d’inhumation. Pour une œuvre d’art, on recherchera l’oblitération de la ville où se trouve le musée qui conserve cette œuvre. Pour un site ou un monument, c’est nécessairement le timbre à date du bureau le plus proche de ce site ou de ce monument. Mais, dans une même ville, il peut y avoir plusieurs oblitérations possibles et c’est là que les choses se compliquent. Il y à d’abord le timbre à date ordinaire du bureau de poste ou du centre de traitement du courrier. Une flamme d’oblitération peut compléter ce timbre à date, et il s’agit alors d’une oblitération mécanique, plus difficile à obtenir. C’est le cas de la carte Tour Eiffel de Desclozeaux qui est oblitérée avec une flamme du bureau de Paris 9, illustrée d’une petite Tour Eiffel avec le texte « 1989 - centenaire de la Tour Eiffel ». C’est là une excellente oblitération car elle est particulièrement concordante avec le sujet du timbre. Il y a enfin les oblitérations spéciales, et en particulier les oblitérations 1er jour, mises en service pendant 2 ou 3 jours seulement pour la vente anticipée d’un nouveau timbre. Il s’agit de timbres à date de grand format, dont le texte et l’illustration correspondent au sujet de l’émission. Pour faire une carte maximum, la solution de facilité est d’utiliser l’oblitération 1er jour, mais ce n’est pas toujours la meilleure. Ainsi pour le timbre « le Bagad », on disposait d’un cachet 1er jour à Lorient (ce qui est bien, puisque Lorient accueille plusieurs bagads lors de ses Fêtes Celtiques), mais l’illustration, comme pour les 10 timbres émis le même jour dans 10 régions différentes, représentait un béret basque et une baguette de pain ! donc aucune concordance entre cette illustration et la cornemuse. Par contre, la base de la Marine nationale de Lann Bihoué, qui accueille le bagad reproduit sur le timbre, est desservie par un bureau de poste spécial dont le timbre à date comporte la mention « 56998 - Lann Bihoué Marine». Cette oblitération est parfaitement concordante avec le sujet du timbre et elle figure donc sur la carte reproduite ci-contre. La concordance de temps est plus facile à obtenir. La date d’oblitération doit être comprise entre la date d’émission du timbre et celle de sa démonétisation. Le cachet 1er jour est donc, à cet égard, toujours valable et les autres oblitérations doivent avoir la date la plus rapprochée possible de ce 1er jour. Mais si une oblitération spéciale ou une flamme, dont le texte ou l’illustration sont concordantes avec le sujet du timbre, sont mises en service plusieurs années après, elles peuvent être utilisées. Actuellement, la grande majorité des collectionneurs de cartes maximum est regroupée au sein de l’association « Les Maximaphiles Français ». Cette association propose un service des nouveautés de France, un service des nouveautés étrangères, un service de circulation entre adhérents, une revue trimestrielle illustrée, des conférences avec diaporama et un site internet www.Maximaphiles-Francais.org Si vous voulez en savoir plus et si vous voulez collectionner les cartes maximum, vous pouvez contacter les maximaphiles français ou venir à l’exposition « Maxifrance 2005 », qui aura lieu du 23 au 25 septembre 2005, au Palais des Sports de Corbeil-Essonnes.

Henri Meslet
Vice-président des Maximaphiles Français
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article